En 2022, la Société Française de Pédiatrie a actualisé ses recommandations concernant le partage du lit avec un nourrisson, reconnaissant des pratiques familiales diversifiées malgré des risques identifiés. Les études montrent une augmentation du nombre de parents déclarant dormir avec leur bébé, alors même que les avis médicaux restent divisés. La réalité quotidienne fait apparaître des écarts importants entre les recommandations officielles et les habitudes réelles, souvent dictées par la fatigue ou les besoins d’allaitement nocturne. Les implications de ces choix dépassent la simple question de sécurité et concernent le bien-être, le lien parental et l’organisation familiale.
Pourquoi de plus en plus de parents choisissent de dormir avec leur bébé
Le cododo s’installe peu à peu dans les foyers français et canadiens. Bien loin du cliché réservé aux adeptes exclusifs du maternage intensif, le sommeil partagé prend une place croissante, discrètement d’abord, puis de plus en plus ouvertement. Les parents explorent cette option pour resserrer les liens, rendre les nuits plus apaisées ou simplement faire face à la réalité de l’allaitement nocturne. Ceux qui y goûtent ne cherchent pas une étiquette, mais une solution à l’épuisement, une parenthèse de tendresse ou un répit au milieu des réveils en rafale.
Dans les cabinets de consultation, le sujet revient sans cesse. Beaucoup disent apprécier la simplicité : nourrir bébé sans quitter le lit, consoler au moindre murmure, savourer la douceur d’un endormissement partagé. L’idée de proximité, marquée par la notion d’attachement développée par John Bowlby, a laissé son empreinte chez nombre de jeunes parents : le contact direct leur semble poser les bases d’une sécurité émotionnelle durable.
Le rapport aux espaces familiaux change : la chambre seule pour le nourrisson n’est plus une évidence. De nouvelles organisations nocturnes émergent et chaque famille adapte le sommeil commun à ses besoins et convictions. Voici les principales façons de pratiquer le co-sleeping actuellement :
- Bed-sharing : partage du même lit que l’enfant,
- Room-sharing : même chambre mais espaces séparés,
- Utilisation d’un lit cododo accolé au lit des parents.
Ce tournant n’arrive pas par hasard. Influence des réseaux sociaux, mouvement d’éducation bienveillante ou rénovation des schémas familiaux : le cododo a cessé d’être une alternative marginale. Il devient l’objet de véritables choix, réfléchis, liés à la recherche d’un sommeil plus fluide, d’un meilleur équilibre familial, et d’un bien-être global où chaque membre trouve sa place.
Avantages, limites et idées reçues autour du sommeil partagé
Difficile d’ignorer les débats : le sujet du sommeil partagé divise et fascine tout à la fois. L’allaitement de nuit, par exemple, s’en trouve considérablement facilité, moins de fatigue, plus de réactivité face aux besoins du nourrisson. Plusieurs travaux scientifiques pointent également une diminution du stress pour le bébé et des réveils nocturnes moins chaotiques pour les parents.
Les nuits à plusieurs, cependant, ne comportent pas que des avantages. Le sommeil des adultes devient plus instable. Certains couples disent avoir du mal à trouver du temps pour eux, à préserver leur espace. Beaucoup optent alors pour le room-sharing : bébé dort dans la même chambre, mais pas dans le même lit, une façon de garder un œil et une oreille sans renoncer à tout espace personnel.
Les professionnels de santé, eux, restent prudents. Partager le lit avec un tout-petit expose à certains dangers, en particulier ceux liés au syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN). Les études ont mis en lumière différents éléments qui augmentent le risque :
- Tabagisme parental,
- Consommation d’alcool ou de substances psychoactives,
- Prématurité,
- Petit poids de naissance,
- Surchauffe de la chambre,
- Matelas trop mou ou literie mal adaptée.
Malgré tout, une nuance s’impose. Dormir avec son bébé n’est pas synonyme de mise en danger automatique. Lorsque les circonstances à risque sont évitées, les principaux organismes internationaux préconisent :
favoriser un couchage sécurisé, exclure le bed-sharing dans les contextes fragiles, et privilégier le room-sharing lors des premiers mois.
Des conseils pratiques pour un co-sleeping serein et sécurisé
Adopter le cododo ou le bed-sharing, c’est aussi repenser la chambre chaque nuit pour garantir la sécurité de bébé. Qu’ils exercent en France, au Canada ou ailleurs, les pédiatres sont unanimes : aucune concession n’est faite sur la prévention des risques.
Utiliser un lit cododo ou un berceau attenant permet de garder le nourrisson tout près sans partager l’espace du matelas parental. Ce choix répond à la fois au besoin de proximité et à l’exigence de sécurité. Un couchage bien pensé implique un matelas ferme, l’absence d’oreillers, couvertures épaisses ou peluches susceptibles de gêner la respiration du bébé.
Pour renforcer la sécurité, certains gestes méritent d’entrer dans la routine :
- Éliminer toute exposition au tabac, interdire l’alcool et les substances altérant la vigilance,
- Maintenir la chambre à une température stable, entre 18 et 20°C,
- Coucher bébé sur le dos à chaque sommeil, selon les recommandations officielles,
- Installer le lit contre un mur ou ajouter une barrière pour éviter toute chute pendant la nuit.
Si l’un des parents est particulièrement épuisé, malade ou prend des médicaments influant sur le sommeil, mieux vaut éviter de partager le lit la nuit durant. La plupart des spécialistes s’accordent à conseiller le room-sharing au moins jusqu’aux six premiers mois de bébé, avant d’accompagner la transition vers une chambre séparée.
Chacun, à son rythme, construit une routine nocturne qui lui correspond. Loin des injonctions et des jugements, il reste, chaque soir, ce choix à ajuster, cette présence à redéfinir et cette promesse, renouvelée, de nuits plus sereines ou de réveils un peu moins pressés.